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Identification des clichés et marque commerciale

par Jérôme Delatour

Facchinelli fait partie des photographes qui ne signent ni ne légendent leurs clichés dans la plaque, rendant l’identification de leurs œuvres problématique. Il se contentait de les numéroter et, éventuellement, de porter une légende manuscrite au dos de ses tirages1. Dans les cas les plus heureux, Facchinelli a apposé son timbre sec (fig. 1). C’est le cas sur chaque page de la Raccolta artistica et sur certains tirages des Sites et monuments du Caire choisis et catalogués par Ambroise Baudry. En revanche, il ne semble jamais utiliser sur ses tirages son timbre humide, observable sur le contreplat supérieur de la Raccolta artistica (fig. 2).

Timbre sec de Facchinelli

1. Timbre sec de Facchinelli  sur les épreuves de la Raccolta artistica di fotografie sull' architettura araba, ornati ecc. dal XII° al XIII° secolo fotografia italiana del Cav. B. Facchinelli, Cairo (Egitto), MDXXXLXXXVII [sic : XXX pour CCC, soit 1887].

Paris, Bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art, collections Jacques Doucet, Fol Phot 065.

 Timbre humide de Facchinelli

2. Timbre humide de Facchinelli, sur le contreplat de la Raccolta artistica di fotografie sull' architettura araba, ornati ecc. dal XII° al XIII° secolo fotografia italiana del Cav. B. Facchinelli, Cairo (Egitto), MDXXXLXXXVII [sic : XXX pour CCC, soit 1887].

Paris, Bibliothèque de l’Institut national d’histoire de l’art, collections Jacques Doucet, Fol Phot 065.

Comme si cela ne suffisait pas, la numérotation des plaques, seul élément tangible d’identification, n’est intervenue que tardivement. Dans la Raccolta artistica, soit huit ans à peine avant la mort de Facchinelli, la plupart des tirages sont encore dépourvus de numéros de cliché. De plus, la numérotation dans la plaque semble n’avoir pas été systématique ou avoir été interrompue, car beaucoup de tirages tardifs, comme ceux du fonds Karkégi, ne sont toujours pas numérotés.

La numérotation a d’abord été menée à l’envers, puis répétée à l’endroit. Dans les premiers numéros, l’ancien numéro et le nouveau sont différents, signe d’une hésitation initiale dans l’ordonnancement des plaques (fig. 3).

Interno e corte della moschea Mardani

3. Interno e corte della moschea Mardani (Cairo), s. d. [Cette vue porte le numéro 7 ainsi que le numéro 51 à l'envers].

Bibliothèque de l'INHA, collections Jacques Doucet, Fol Phot 65 : Raccolta artistica di fotografie sull' architettura araba, ornati ecc. dal XII° al XIII° secolo fotografia italiana del Cav. B. Facchinelli, Cairo (Egitto), MDXXXLXXXVII [sic : XXX pour CCC, soit 1887], fº 34.

 
Les plaques numérotées portent donc généralement un numéro à l’encre (donc blanc sur les tirages) à l’envers, repris ensuite à l’endroit à l’encre (blanc sur les tirages) sur fond sombre ou par grattage (noir sur les tirages) sur fond clair, d’un module généralement inférieur. À quelques exceptions près, les numéros sont inscrits dans le sens de lecture de l’image. Le numéro de cliché à l’envers s’observe au moins jusqu’au 794. Au-delà, on ne trouve que le numéro à l’endroit qui, par conséquent, doit être considéré comme plus récent.

Le numéro de cliché le plus élevé connu à ce jour est le 12372, ce qui donne une idée de l’importance du corpus photographique de Facchinelli. Il n’est pas certain, toutefois, que tous les numéros séquentiels aient été attribués. Les grands et moyens formats numérotés connus à ce jour, qui ne dépassent pas la vingtaine, ne vont pas au-delà du nº 231. À l’inverse, pas de petit format avant le nº 404. Malgré de nombreuses lacunes dans notre connaissance du corpus, on peut supposer que Facchinelli avait réservé les trois cent quatre-vingt-dix-neuf premiers numéros aux moyens et grands formats et les numéros supérieurs aux petits formats. Cette hypothèse est confirmée par les numéros 70 et 531, clichés pris à quelques instants d’intervalle en grand et petit format3. Cette séparation par format se justifie aisément : il est plus commode de conserver ensemble des plaques de même taille que de les mélanger. En dehors de ce principe général, l’ordre des clichés n’a pas été établi avec soin et n’est pas strictement chronologique. Par exemple, au milieu d’un lot sur les Pyramides4 s’intercalent des vues de rues et de cours de mosquées5.

Notes

1 On distingue deux mains différentes parmi les légendes manuscrites portées au verso : l’une, au crayon à papier sur les tirages les plus anciens (Sites et monuments du Caire choisis et catalogués par Ambroise Baudry Architecte du Gouvernement pour son ami Arthur Rhoné, Le Caire, Facchinelli, photographe 1873-1893, Florence, Fratelli Alinari et Bibliothèque de l’INHA, Archives 112, carton 11, dossier 12, nº 7, 13-15), s’avère être la même que celle des numéros de cliché à l’envers (voir notamment ibid., nº 7) et a de grandes chances d’être celle de Facchinelli. Une autre, plus ornée et plus ronde, à l’encre rouge, se trouve sur les tirages plus récents (fonds Karkégi, BnF, EO-1717-BOITE FOL B).

2 BnF, EO-1717-BOITE FOL B, ESTNUM-6150.

3 « Interno d’una casa nel quartiere Ebreo », cl. 70 (24 x 30 ;  Raccolta artistica di fotografie  sull' architettura araba, ornati ecc. dal XIIº al XIIIº secolo fotografia italiana del Cav. B. Facchinelli,  Cairo (Egitto), MDXXXLXXXVII [sic : XXX pour CCC, soit 1887], nº 3 et 531 (13 x 18 ; Sites et monuments du Caire choisis et catalogués par Ambroise Baudry, op. cit. (note 1), p. 47).

4 Cl. 541, 543, 546-547, 549-550.

5 Cl. 544-545, 548.